Dimanche 26 octobre 2025
30ème dimanche du temps ordinaire
Chers amis, chaque année, au mois d’octobre, les vitrines des magasins se remplissent de citrouilles grimaçantes, les jardins se garnissent de squelettes suspendus, et les enfants s’habillent en sorcières ou en fantômes. C’est la fête d’Halloween dans toute sa « splendeur », déployant ses symboles de peur et de mort jusqu’à faire « ombre » à la solennité de la Toussaint et à celle de la Commémoration des fidèles défunts. Pourtant, si nous savons regarder avec les yeux de la foi, cette fête ne fait qu’accentuer, par contraste, le triomphe de la lumière sur les ténèbres : là où la mort semble avoir le dernier mot, la Résurrection proclame son plus beau chant.
Halo-win : l’auréole des saints gagne
« Halo-win ! » — c’est le jeu de mots que nous osons proposer cette année pour entrer dans les célébrations de la Toussaint ; on pourrait le traduire par « l’auréole gagne », ou encore « la sainteté triomphe ». C’est comme si, au cœur de la nuit d’Halloween, les premières lueurs de l’aurore cherchaient déjà à percer la brume. L’auréole, ce cercle de lumière entourant la tête des saints dans nos icônes, surgit pour rappeler que toute vie humaine est appelée à resplendir.
En réalité, l’humanité entière, souvent sans le savoir, est en quête de cette lumière. En décorant les maisons de lanternes et de bougies, en allumant feux et citrouilles éclatantes, nous exprimons inconsciemment notre désir d’éclairer les ténèbres, de donner un sens à la peur, une beauté à la laideur, d’appeler la vie au cœur de la mort. Pour nous, chrétiens, cette lumière a un nom : le Christ ressuscité. Et l’auréole des saints n’est autre que le reflet de sa gloire.
La Toussaint : célébrer la victoire de la lumière
Le 1er novembre, l’Église célèbre la Toussaint, grande fête de la lumière et de la vie. Ce n’est pas la fête de quelques héros de la foi, mais celle de la grande foule dont parle l’Apocalypse : « une foule immense que nul ne pouvait dénombrer, de toute nation, race, peuple et langue ». Les saints sont cette multitude vivante, humble et joyeuse, où chacun d’entre nous a sa place.
Ils ne sont pas d’abord des modèles inaccessibles, mais des témoins : des hommes et des femmes qui ont laissé Dieu transfigurer leur vie quotidienne. Derrière chaque saint canonisé se cachent des milliers de visages simples, des gestes donnés, des amours offerts : peut-être nos grands-parents, nos voisins, des membres de notre paroisse… Ceux et celles qui, sans bruit, ont répondu à l’appel du Christ : « soyez saints, car moi, je suis saint. »La Toussaint est ainsi comme un grand miroir tendu vers le ciel : elle reflète la gloire du Christ en chaque homme et chaque femme qui lui ont ouvert leur cœur.
Loin d’être une fête nombriliste ou moralisante, est la fête de l’espérance pour l’humanité en marche vers le Ciel. Chaque saint, depuis les Béatitudes proclamées par Jésus, porte en lui la promesse du Royaume. Leur vie, souvent simple et parfois traversée par l’épreuve, témoigne que la sainteté est une vocation offerte à tous. Quand nous contemplons le visage des saints, c’est un peu de cette auréole de lumière qui vient se poser sur nous.
Fêter la Toussaint, c’est reprendre confiance dans notre vocation : la sainteté n’est pas un luxe réservé à quelques-uns, mais l’ADN du baptisé, le chemin ordinaire du disciple.
Commémoration des fidèles défunts : prier l’espérance
Le lendemain, le 2 novembre, l’Église nous invite à la Commémoration des fidèles défunts. C’est un jour de mémoire et de tendresse. Nous portons dans la prière ceux qui nous ont précédés, souvent avec une émotion très personnelle, mais aussi avec une foi profonde.
Aller au cimetière ce jour-là n’est pas un geste triste, c’est un acte de confiance. Les fleurs, les bougies, la propreté des tombes : tout cela est langage d’amour et de foi. Le cimetière devient un jardin d’espérance. Nos prières, même simples, sont comme des fils invisibles reliant la terre et le ciel, la souffrance du deuil et la promesse de la résurrection.
Dans le Credo, nous proclamons : “Je crois à la résurrection de la chair et à la vie éternelle.” Ce n’est pas une formule vide, mais une lumière qui traverse la nuit la plus obscure. La Commémoration des défunts ne s’oppose pas à la Toussaint mais elle la prolonge : après avoir contemplé les saints glorifiés, nous prions pour ceux qui cheminent encore vers cette lumière, pour que leur auréole s’achève dans le rayonnement du Christ.
Ces deux journées nous rappellent aussi la réalité de la communion des saints, un concept fondamental de notre foi, surtout le fait que nous ne sommes jamais seuls dans notre cheminement spirituel. Nous pouvons compter sur l’intercession des saints et prier pour ceux qui nous ont précédés. C’est un rappel puissant de la solidarité qui unit tous les membres du Corps du Christ, au-delà même des frontières de la mort.
Pour notre communauté : vivre la lumière
Et nous, que pouvons-nous faire pour vivre ce temps d’Halo-win dans notre vie paroissiale ?
Nous pourrions, par exemple :
- Au lieu de décorer nos maisons avec des symboles morbides, pourquoi ne pas placer sur nos fenêtres une bougie, un lumignon, une image de saint ? Que notre village voie la lueur des vivants en Dieu.
- Relire en famille les Béatitudes (Matthieu 5, 1-12) et échanger sur le sens de la sainteté dans la vie quotidienne.
- Participer à la messe de la Toussaint et à celle du 2 novembre, en y portant les noms de nos défunts.
- Transmettre aux enfants le vrai sens de ces fêtes et leur proposer une veillée de lumière, autour de chants, de lumignons et de témoignages de saints, pour redonner à cette période son vrai éclat.
- Prendre le temps de visiter une personne isolée ou endeuillée : la communion des saints commence par la fraternité ici-bas.
Conclusion
Chers amis, la fête de la Toussaint et le jour des défunts sont deux temps complémentaires : l’un célèbre la victoire acquise, l’autre accompagne la marche encore inachevée. L’un chante la clarté des visages glorifiés, l’autre prie pour que cette clarté atteigne nos morts dans la miséricorde divine.
Au lieu de fuir Halloween ou de la condamner en bloc, nous pouvons la transfigurer intérieurement. Derrière les masques grimaçants et les peurs enfantines, nous pouvons discerner le cri du monde en quête de lumière. En ces jours, que notre communauté fasse de son espérance une lumière contagieuse. Que nos prières, nos gestes de charité et notre joie chrétienne rappellent à tous que la mort n’a pas le dernier mot. En Jésus ressuscité, c’est véritablement l’auréole du Saint des Saints qui l’emporte : Halo-win.

