La mission chrétienne…entre force et précarité

14 novembre 2025

Dimanche 16 Novembre 2025
33e dimanche du temps ordinaire

Chers amis, dès ses origines, la mission chrétienne trouve sa source dans l’envoi du Christ à ses disciples : « Allez dans le monde entier, proclamez l’Évangile à toute la création » (Mc 16,15). Cet envoi n’est pas une affaire de puissance humaine ni de moyens matériels abondants, mais l’expression d’une expérience vécue du Christ ressuscité et de la force de sa Parole. Comme les premiers apôtres, notre Église locale avance, forte de son mandat, sachant accueillir la précarité comme un creuset d’authenticité où la foi se forge et se transmet. Les moyens matériels sont parfois modestes, mais la mission demeure, portée par l’élan de l’Esprit et la fidélité du peuple de Dieu.

La rencontre qui s’est tenue le 10 novembre à Malemort s’inscrit pleinement dans cette dynamique : elle interroge notre capacité communautaire à faire vivre la mission là où la force du témoignage se conjugue avec la fragilité de nos conditions.

Compte rendu de la réunion

La rencontre a rassemblé la diversité de la communauté paroissiale : anciens et nouveaux paroissiens, responsables du patrimoine et des travaux, les deux curés ainsi que le vicaire général ; tous soucieux du devenir du presbytère et du dynamisme missionnaire local. L’ouverture de la rencontre, placée sous le souffle de l’Esprit Saint, a favorisé un climat de confiance centré sur l’écoute, l’échange et la prière.

Un bref rappel historique du presbytère de Malemort a ensuite été présenté. La paroisse fait face à une situation économique difficile, avec des ressources limitées, tandis que le patrimoine immobilier est abondant et coûteux à entretenir. Le presbytère, bâtiment paroissial et non communal, n’avait pas bénéficié de travaux majeurs de restauration avant son usage plus récent. Pendant des décennies, il est resté dans un état vétuste, sans entretien significatif, ce qui a conduit à une dégradation progressive du bâtiment. Au début des années 2000, le presbytère a été désigné comme maison d’accueil pour les Frères Carmes Messagers de l’Esprit Saint. Cette communauté y a vécu dans des conditions rustiques, faute de rénovations importantes.

Plus tard, à l’arrivée des Sœurs Missionnaires de la Mère de Dieu, des aménagements ont été entrepris pour répondre à leurs besoins spécifiques, nécessitant des travaux plus conséquents à l’intérieur. Avant ces grandes rénovations, quelques paroissiens, notamment des anciens, avaient pris soin de nettoyer et d’aménager certaines parties de la maison, témoignant ainsi de leur profond attachement à ce lieu.

Plusieurs dons importants, d’un montant total d’environ 200 000 € (chiffre à vérifier auprès de l’association diocésaine), ont été consentis par des paroissiens généreux, notamment M. Marcel Bernard et d’autres bienfaiteurs. Environ 100 000 € ont été investis pour rénover l’intérieur du presbytère (électricité, plomberie, etc.) afin d’accueillir dignement les Sœurs. Le reste, soit environ 114 000 €, devait être consacré aux travaux extérieurs de consolidation du bâtiment – toiture et façade. Malheureusement, en raison de divers obstacles, ces travaux extérieurs ont été retardés. Devis après devis, les coûts ont grimpé au fil des années, passant de 60 000 € en 2017 à près de 150 000 € en 2025. Cette inflation budgétaire a empêché la finalisation des rénovations, entraînant une dégradation visible de l’édifice.

Situation actuelle du presbytère et conséquences pastorales

Pendant plusieurs années, le presbytère a accueilli le catéchisme des enfants ainsi que les activités paroissiales locales, en plus d’être la résidence des Sœurs missionnaires. Aujourd’hui, cette maison très vaste est jugée trop grande et trop coûteuse à entretenir, constituant un véritable gouffre financier pour la paroisse.

La réunion a également souligné l’urgence de la situation, notamment sur le plan de la sécurité : infiltrations, chutes de morceaux de façade, écartements de murs porteurs engendrant des risques pour les occupants comme pour les personnes fréquentant les lieux dans le cadre des différentes activités. Ainsi, le presbytère ne répond plus aux normes de sécurité requises pour accueillir du public. L’ampleur des besoins financiers et structurels impose donc une réflexion sur une éventuelle fermeture du bâtiment pour raisons de sécurité.

Cette fermeture préventive concernerait principalement la relocalisation progressive des activités catéchétiques ainsi que celle des Sœurs Missionnaires de la Mère de Dieu. Elle suscite, à juste titre, l’inquiétude des paroissiens, qui redoutent une diminution de la vie communautaire et une perte de visibilité de l’Église dans le village. Toutefois, tous les participants ont unanimement reconnu la nécessité de trouver une solution alternative pour loger les Sœurs et accueillir les enfants du catéchisme dans des conditions adéquates. Enfin, une forte volonté de respecter les intentions des donateurs historiques a été exprimée, notamment quant à l’usage des legs qui ont permis de financer les premiers travaux. La communauté souhaite honorer cet héritage tout en préservant la destination spirituelle et paroissiale des fonds reçus.

Perspectives et décisions à venir

Plusieurs pistes ont été évoquées afin de maintenir la vitalité de la vie paroissiale. Le catéchisme, plutôt que d’être réorganisé dans les villages voisins (Mazan, Caromb), pourrait être accueilli au sein des familles ou dans la sacristie de l’église de Malemort. Il serait également souhaitable de rechercher un lieu plus petit et mieux adapté aux activités paroissiales ainsi qu’à la vie communautaire des Sœurs. La possibilité de vendre le presbytère et d’utiliser les fonds pour financer un nouvel aménagement a également été mentionnée. En ce qui concerne la relocalisation des Sœurs Missionnaires de la Mère de Dieu, plusieurs propositions sont actuellement à l’étude.

Face à l’épreuve, la foi vivante

La réunion s’est conclue sur un appel à la prière et à la confiance. Si la prudence s’impose pour la sécurité immédiate, la réflexion devra se poursuivre avec lucidité et en lien avec les orientations diocésaines.

Cette traversée de la précarité, loin d’anéantir la mission, peut devenir source de renouveau. La faiblesse des moyens matériels invite à revisiter, dans la force de la Parole, notre manière d’annoncer le Christ : plus proche des familles, plus témoin du don partagé, plus audacieuse dans l’inventivité pastorale. L’Évangile s’est toujours propagé dans des lieux modestes, animés par une foi ardente.

Les défis du presbytère de Malemort rappellent que le véritable dynamisme missionnaire ne se mesure ni à la solidité des murs ni à l’abondance des ressources, mais à la vitalité du témoignage et à la capacité d’aimer jusque dans l’épreuve.
Un nouvel élan se dessine. Dans les mois qui viennent, de nouveaux lieux pourront être trouvés, des solutions mises en œuvre, et la communauté saura tirer de sa précarité une force de mobilisation. Le mot d’ordre demeure : garder la foi et l’unité, être témoins vivants de la présence de l’Église malgré la précarité matérielle.

Que l’Esprit Saint nous guide dans nos choix à venir et maintienne la flamme de la foi vive au cœur de la communauté !