La Mission de l’Église et le Bilan des Petits Clochers

20 juin 2025

Dimanche 22 juin 2025
Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ

 

Le jeudi 19 juin à 18h, la salle paroissiale de Mazan a accueilli une réunion importante rassemblant les paroissiens des petits clochers du secteur interparoissial Notre-Dame du Ventoux. Cette rencontre, à la fois fraternelle et fructueuse, avait pour objectif de dresser le bilan de l’année écoulée et, notamment, de recueillir les impressions des fidèles sur la mise en place du calendrier des messes du samedi soir dans les petits villages. Au cœur de cette démarche, une question centrale : comment vivre pleinement la mission de l’Église dans la réalité de nos petites communautés rurales ?

Recentrer l’importance de la mission

Sur les treize petits clochers que compte notre secteur interparoissial, moins de la moitié étaient représentés lors de la rencontre. Ce taux de participation relativement bas ne relève pas seulement d’un aspect organisationnel : il soulève de nombreuses questions et met en lumière les défis auxquels sont confrontées les paroisses rurales, tels que l’éloignement géographique, le vieillissement des fidèles, la diminution du nombre de prêtres et la difficulté à maintenir une vie paroissiale régulière et vivante.

Après un temps de prière et l’invocation à l’Esprit Saint, le père Nelson et moi-même avons souhaité ouvrir la réunion par une introduction générale afin de replacer la réflexion dans le cadre plus large de la mission de l’Église. J’ai rappelé notamment que la vocation première de toute communauté chrétienne n’est pas de défendre des traditions, de sauver des clochers ou de préserver des habitudes, mais d’annoncer l’Évangile et de vivre la communion dans le Christ :«  Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde.  » (Mt 28,19-20)

Ce mandat du Christ doit rester le cœur de notre engagement. Ce qui unit les chrétiens, ce n’est ni la géographie, ni la tradition, mais la miséricorde du Christ face à nos péchés et la puissance de l’Esprit Saint qui nous pousse à aimer et à servir.

Le père Nelson et moi-même avons également partagé notre propre témoignage, rappelant comment nous avons cru à cet appel de Dieu pour notre vie ; un appel qui, à la suite de celui adressé à Abraham, nous a invités à quitter notre pays, notre parenté, notre clocher et nos traditions pour nous ouvrir au projet plus grand. Cet appel n’est pas réservé à quelques élus, mais il est constitutif de notre vocation chrétienne, de notre vie baptismale qui nous invite à nous laisser conduire par l’Esprit, à sortir de nos sécurités et à accepter d’être envoyés là où le Seigneur le veut.

Les attentes et préoccupations des paroissiens

Après cette introduction, la parole a été donnée aux participants. Plusieurs ont exprimé leur gratitude envers les prêtres pour leur disponibilité et leur engagement. Mais un sentiment de désarroi s’est aussi fait entendre face au faible nombre de messes célébrées dans certains clochers.

  • Beaucoup ont regretté que les célébrations soient concentrées sur un seul mois de l’année, privant ainsi les villages de la présence régulière de la communauté rassemblée autour de l’Eucharistie. Ils ont exprimé le désir de revoir le calendrier des messes, en passant d’une rotation mensuelle à une fréquence hebdomadaire. Cette proposition viserait à mieux répartir les célébrations sur l’année, à ouvrir les églises à différents moments et à favoriser la rencontre entre les paroissiens des différents villages. Mais elle supposerait aussi une plus grande mobilisation des équipes locales, une organisation plus complexe en raison de plusieurs facteurs (clochers chauffés pendant la saison hivernale, alternance géographique entre les deux anciens secteurs, etc.), ainsi qu’une vigilance accrue de la part des paroissiens, car chaque samedi soir, la messe serait célébrée dans un village différent.
  • Certains ont suggéré de concentrer les messes dans certains clochers plutôt que d’autres, quitte à réduire le nombre de lieux desservis, en tenant compte de critères tels que la vitalité de la communauté locale, la présence d’une équipe d’animation ou encore la capacité à accueillir et à préparer la liturgie.
  • D’autres encore ont proposé de desservir davantage les petits clochers en ajoutant une fois par mois une messe le dimanche matin, en supprimant en alternance la messe de Mazan et celle de Caromb.
  • Il a également été souligné que rétablir une messe dominicale dans les villages, c’est aussi aller à la rencontre de la brebis égarée, trop faible et désorientée pour avoir la force de participer à la messe ailleurs.
  • Il a aussi été avancé la proposition de permuter pendant l’été la messe entre Bédoin et Caromb : passer donc la messe de Caromb le samedi soir et celle de Bédoin le dimanche matin, afin de mieux répondre aux besoins des nombreux fidèles présents en période estivale dans ce village.
  • La possibilité d’étendre l’expérience de la célébration de la Parole, déjà mise en place à Villes-sur-Auzon, à d’autres clochers qui en feraient la demande a également été évoquée.
  • Enfin, la proposition avancée par le père Daniel et le père Nelson de venir en aide aux petits clochers en ajoutant des messes en semaine n’a pas été jugée pertinente par les participants.

Un temps de discernement et de patience

Face à la diversité des attentes et à la complexité des enjeux, la nécessité de prendre le temps du discernement s’impose. Derrière chaque décision – ajout ou suppression d’une messe – se cachent des questions d’ordre communautaire, spirituel, mais aussi économique et organisationnel. Il ne s’agit pas simplement de multiplier les célébrations, mais de discerner où l’Esprit souffle et comment rendre visible le Corps du Christ ressuscité.

Pour l’heure, la proposition la plus simple à mettre en œuvre est le passage à une rotation hebdomadaire des messes du samedi soir (vous trouverez un exemple en ligne). Pour les autres questions, un temps de réflexion et de consultation est nécessaire. L’objectif n’est pas de céder à la facilité ou à la pression du nombre, mais de chercher ensemble les signes des temps et de se laisser guider par l’Esprit.

Conclusion

La réunion du 19 juin à Mazan a été un temps fort de dialogue et de vérité. Elle a permis de mesurer la richesse et la fragilité de nos petites communautés, mais aussi de rappeler notre mission, en tant qu’Église, appelée à être signe de l’amour du Christ, à annoncer la Bonne Nouvelle et à construire la communion. En ce temps de transition, puissions-nous rester ouverts à l’Esprit, disponibles pour la mission, et confiants que le Christ marche avec nous, chaque jour, sur les chemins parfois escarpés de nos campagnes