Dimanche 25 mai2025
6ème Dimanche de Pâques
Le 20 mai 2025, l’Église universelle célèbre un événement d’une portée exceptionnelle : le 1700e anniversaire du Concile de Nicée. Cette date historique n’est pas seulement un rappel du passé, mais une invitation à nous réapproprier notre foi commune, celle que nous proclamons chaque dimanche à la messe et qui unit les chrétiens à travers les siècles et les continents.
Le symbole de la foi
Le « symbole de la foi », souvent appelé Credo (du latin « je crois »), désigne la profession solennelle de la foi chrétienne. Le terme « symbole » vient du grec symbolon, qui désignait à l’origine un objet brisé en deux parties, dont chaque moitié était gardée par deux personnes comme signe de reconnaissance mutuelle. Ainsi, le symbole de la foi est à la fois marque d’appartenance et signe de reconnaissance entre chrétiens.
Dès les débuts du christianisme, les croyants ont ressenti le besoin de formuler leur foi, d’abord oralement puis par écrit, afin d’assurer l’unité de la communauté et de transmettre fidèlement l’enseignement reçu des apôtres. Ces formules servaient lors du baptême, pour distinguer la foi chrétienne des autres croyances, et pour lutter contre les hérésies qui menaçaient l’unité de l’Église. Le symbole de la foi est donc à la fois un résumé de la doctrine essentielle, un outil de catéchèse et un acte d’unité.
Pourquoi plusieurs « symboles » ?
Au fil des siècles, plusieurs textes de profession de foi ont vu le jour. Les deux plus connus dans la tradition occidentale sont le Symbole des Apôtres et le Credo de Nicée-Constantinople.
Le Symbole des Apôtres : Il s’agit d’un texte court, structuré en douze articles, qui résume la foi chrétienne telle qu’elle était transmise dans les premières communautés. Son origine exacte est débattue : la tradition l’attribue aux apôtres eux-mêmes, mais les chercheurs s’accordent à dire qu’il s’est progressivement constitué à partir des professions de foi baptismales des premiers siècles, notamment à Rome et en Gaule. Il est surtout utilisé en Occident, dans les Églises catholique et protestantes.
Le Credo de Nicée-Constantinople : Ce texte plus développé a été rédigé lors des deux premiers conciles œcuméniques, à Nicée (325) puis à Constantinople (381), pour clarifier la foi face aux controverses sur la divinité du Christ et de l’Esprit Saint. Il insiste sur la consubstantialité du Fils avec le Père et sur la divinité de l’Esprit, répondant ainsi aux hérésies de l’époque. Ce symbole est la référence commune à toutes les grandes Églises chrétiennes, surtout en Orient.
Les différences principales tiennent à la longueur, à la précision théologique et à l’usage liturgique : le Symbole des Apôtres est plus bref et plus ancien, le Credo de Nicée-Constantinople est plus détaillé et universellement reconnu.
1700 ans du Credo de Nicée-Constantinople
Le Concile de Nicée, premier concile œcuménique convoqué par l’empereur Constantin, a rassemblé environ 300 évêques venus de tout l’Empire romain, dans un contexte de divisions internes, notamment autour de la question de la divinité du Christ. Ce Concile a adopté une première version du Credo, affirmant que le Fils est « engendré, non pas créé, consubstantiel au Père ». Ce texte a été complété en 381 au Concile de Constantinople, pour préciser la foi en l’Esprit Saint et en l’Église. Le Credo de Nicée-Constantinople est ainsi devenu la « carte d’identité » de la foi chrétienne, unissant catholiques, protestants et orthodoxes autour d’une même profession de foi.
Cependant, l’ajout du « Filioque » (l’Esprit Saint qui procède du Père ‘et du Fils’) par l’Église latine, sans le consentement des Églises orientales, a été perçu comme une modification unilatérale d’un texte fondamental, contribuant à la rupture entre l’Orient et l’Occident au XIe siècle. Ainsi, si le texte original du Credo demeure le socle commun, son usage dans la liturgie diffère : l’Orient garde la formulation initiale, tandis que l’Occident y ajoute le « Filioque », ce qui reste une source de division théologique et liturgique, même si la base du Credo exprime toujours l’essentiel de la foi chrétienne partagée.
Proposition liturgique : alterner les deux Credo
Dans notre pratique liturgique, le Symbole des Apôtres est le plus souvent récité lors des messes dominicales, car il est plus court et plus familier. Pourtant, le Credo de Nicée-Constantinople, plus solennel et plus universel, mérite d’être mieux connu et davantage utilisé, surtout en cette année jubilaire.C’est pourquoi il serait pertinent de proposer, dans nos paroisses, d’alterner la récitation du Credo de Nicée-Constantinople avec celle du Symbole des Apôtres. Cette alternance permettrait à la communauté de s’enraciner plus profondément dans la tradition œcuménique et de mieux saisir la richesse théologique de notre foi.En proclamant ces deux symboles, nous faisons mémoire de l’histoire vivante de l’Église, nous affirmons notre communion avec les chrétiens d’Orient et d’Occident, et nous renouvelons notre engagement à vivre selon la foi transmise depuis les apôtres. Que cette pratique soit pour nous source d’unité, de joie et d’espérance !