Dimanche 3 janvier 2021 - Épiphanie du Seigneur

2 janvier 2021

 Corvée des vœux ?
Non, « charité des vœux » !

Article de Raphaëlle Simon du 30 décembre 2020, site www.aleteia.org

La fin de l’année rime-t-elle avec corvée de vœux à envoyer ? Ou avec occasion de prêter attention à ceux qui sont plus loin, et d’approfondir la relation avec les personnes qui nous sont chères ? Le Pape lui-même, à l’occasion du nouvel an, présente ses vœux dans un maximum de langues pour être reçu de tous. Un coup de fil ou une simple carte de quelques mots écrits avec délicatesse peut adoucir des solitudes, même si cela ne remplace pas une visite. D’autant que cette attention peut être une des rares reçues pendant l’année.

« Pour moi, confie Cyril, c’est un moyen d’être présent dans nos vies surbookées. On peut faire ça une fois par an, non ?  » Conscient qu’il ne pouvait limiter ses vœux à un club fermé d’amis, Stéphane a choisi cette année de les adresser à son « meilleur ennemi ». Julie, elle, a décidé d’écrire à son mari, ses parents, et ses enfants : « Nous prenons si peu le temps de leur dire que nous les aimons, et c’est parfois plus difficile, du fait de la proximité ». Alors, cette année, pourquoi ne pas prendre le temps de se demander à qui souhaiter ses vœux en priorité et surtout le faire d’une autre façon que de lancer ou d’écrire un simple « Bonne année, bonne santé » ?

1. Dire du bien de l’autre (ça fait du bien !)
Nos rapports les uns avec les autres sont « plus souvent régis par la querelle, la critique, le jugement, la condamnation, plutôt que la bénédiction, l’ouverture du cœur », explique le psychologue Yves Boulvin. Retrouver le sens profond des vœux, ce serait souhaiter du bien, parler en bien de l’autre (benedicere en latin, c’est littéralement « dire du bien »). C’est entrer dans une logique d’amour, qui voit le bien, les belles choses, le bon côté de chacun, et en rend grâce. Évoquer une qualité ou manifester sa gratitude a des répercussions insoupçonnées : « Les paroles de bénédiction font du bien à l’âme », assure le moine bénédictin Anselm Grün.

2. Se bénir mutuellement
La Vierge Marie, lors de la Visitation, est bénie entre toutes par Élisabeth, qui voit en elle le mystère de la femme et de l’enfant qu’elle porte. Une expression qui n’est pas réservée à une élite spirituelle, puisque chacun de nous est béni de Dieu. Si Dieu aime chacun de nous absolument gratuitement, nous pouvons tous nous bénir les uns les autres. Et nous devenons ainsi source de bénédiction, autant que les autres le sont pour nous. Dans la tradition chrétienne, la bénédiction s’accompagne toujours d’une parole. Par nos paroles, nous exprimons à cette personne ce que Dieu peut lui offrir, la manière dont il la voit et ce qu’elle représente pour Lui. Bénir dépasse la prière d’intercession, c’est affirmer « Tu es aimé de Dieu, tu es précieux pour lui ».

3. Employer des mots personnels
La manière de formuler les propos est aussi importante que leur contenu. Il n’est pas besoin d’écrire long, mais juste, au plus près de ce que l’autre attend, sans jamais savoir si le but est atteint. Une manière d’apprendre le détachement, l’acte gratuit. Qu’est-ce qui ferait du bien à l’autre ? Où va son désir ? Alors, les souhaits, au-delà de la formule de politesse, exprimeront une affection qui peut le rejoindre. Pour trouver les mots justes, « je prie devant le Saint-Sacrement, confie Stéphane, et demande au Saint-Esprit de m’inspirer en pensant à chaque personne ».

4. Accepter de dire ses sentiments
Des vœux sincères exigent de prendre le risque de dire ses sentiments profonds, une manière de se laisser voir en vérité, donc de se laisser aimer. Ces sentiments peuvent s’exprimer sur des registres différents : l’amitié, la reconnaissance pour les moments de grâce, la sympathie pour ceux qui vivent une épreuve, la reprise d’un lien distendu, la demande de pardon, occasion, en tout cas, d’exprimer et de vivre la charité. Ils favorisent une rencontre authentique.

5. Souhaiter du bien en vérité
Formuler des vœux ne revient pas à laisser croire que l’année sera épargnée de toute souffrance, de toute difficulté. Seulement pouvons-nous souhaiter d’accueillir dans la confiance tout ce qui advient, et croire que le Seigneur nous attend pour les vivre avec lui. « Pour nous, chrétiens, c’est peut-être une occasion d’envisager cette nouvelle année comme une nouvelle naissance, comme un petit enfant qui attend tout », avance Anne-Charlotte.

6. Témoigner de la présence de Dieu
Au 1er janvier de chaque année, la liturgie de la messe reprend la bénédiction de Dieu sur Aaron d’il y a plus de trois mille ans, qui termine l’office liturgique : « Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il te prenne en grâce ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix ! » (Nb 6, 24-26). Dans le texte originel, la triple invocation du nom de Dieu assure à Israël la présence du Dieu de l’Alliance, source de toute bénédiction. Lorsque nous bénissons personnellement quelqu’un, nos mots devraient exprimer cette tendresse maternelle de Dieu sur nous, qui reste d’actualité, jusqu’à la fin des temps.