Edito dimanche 20 octobre Père Yannick Ferraro

20 octobre 2019

L’émergence historique de la paroisse
2. Le paroikos

Dans le prologue du livre de l’Écclésiastique (ou Siracide), il est question de transmettre les enseignements de la Loi et des Prophètes à « ceux du dehors ». Pour traduire cette expression, les traducteurs grecs utilisèrent le mot paroikos. Le paroikos est l’étranger venu "vivre dans la cité" ou venu "habiter chez les autres". Il est étranger, mais il s’insère dans des relations de voisinage et est finalement intégré dans le milieu qu’il a rejoint.
Le terme va être repris par les chrétiens pour se définir comme ceux qui vivent « dans la cité sans être de la cité », qui sont « dans le monde sans être du monde » selon l’expression célèbre de la lettre à Diognète (fin du IIe siècle).
Par déclinaison, l’oikos va désigner la plus petite communauté chrétienne au sein de la cité grecque. Dans le Nouveau Testament, ces maisonnées sont identifiables par le nom du chef de famille : « les gens de Chloé » (1Co 1,11), « la famille de Stéphanas » (1Co 1,16), « Stéphanas et les siens » (1Co 16,15), « Corneille ainsi que toute sa maison » (Ac 10,2), « Lydie ainsi que tous les siens » (Ac 16,15), « Crispus avec tous les siens » (Ac 18,8), « Aquilas et Prisca ainsi que l’assemblée qui se réunit chez eux » (1Co 16,19), « Philémon, avec Apphia, Archippe et l’Église qui s’assemble dans sa maison » (Phm 2).
Les premières communautés chrétiennes émergent donc autour de « maisonnées », des oikos, essentiellement grâce au travail de saint Paul qui va privilégier la famille et les gens qui se réunissent dans cette famille (le paroikos, le voisin, l’étranger intégré) pour transmettre la Bonne Nouvelle du Christ. Nous avons là l’émergence de la « paroisse-oikos » et des « paroissiens-paroikos ».
A suivre....
P. Yannick Ferraro